A l’exception de nos yeux dont les cellules rétiniennes sont sensibles à la lumière qui est un rayonnement électromagnétique, notre corps ne dispose pas d’organe sensoriel ou de mécanisme biophysique sensible aux champs électromagnétiques.
Aucun de nos sens n’est donc en mesure de nous signaler la présence de champs électriques ou magnétiques. Cependant, certains phénomènes secondaires qu’ils engendrent peuvent nous alerter bien que les conditions nécessaires à leur apparition soient peu courantes dans notre environnement quotidien.
Percevoir des champs électriques dans notre quotidien…
Le corps humain est conducteur de l’électricité. Aussi, en présence d’un champ électrique, des charges viennent s’accumuler à sa surface et le champ électrique induit crée par ces charges vient annuler le champ extérieur : ceci est connu sous le nom d’ « effet Faraday ». Du fait de ces charges en surface de la peau, les poils se dressent par effet de répulsion électrostatique.
Un tel phénomène peut s’observer frottant une règle en plexiglas avec un chiffon puis en l’approchant d’un bras nu. Une sensation de « chair de poule » apparaît aussitôt. En fait ce sont les poils du bras qui se hérissent. Certaines personnes peuvent aussi ressentir une sensation similaire par temps d’orage. Lorsque l’on retire un pull, de petites étincelles, en fait de minuscules décharges électriques, se manifestent. Les possesseurs de chats connaissent bien le phénomène : le pelage des chats est également apte à générer des micro-décharges électriques, petites étincelles audibles et visibles dans le noir, lorsqu’ils sont caressés. Par ailleurs, la peau de chat frottée contre de la bakélite est également très utilisée pour les expériences d’électrostatique.
… et dans des conditions de laboratoire
Mais il faut se placer dans des conditions expérimentales des musées scientifiques, comme les salles d’électrostatique au Palais de la Découverte à Paris par exemple, pour que les effets d’un champ électrique deviennent spectaculaires. Lorsque celui-ci atteint plusieurs dizaines de milliers de volts par mètre, les cheveux se dressent sur la tête (effet de répulsion électrostatique).
Si dans ces conditions de laboratoire on tend la main loin du corps, on crée ainsi un effet de pointe et des effluves luminescents se forment à l’extrémité des doigts. On a reproduit les conditions nécessaires à l’apparition des feux de Saint-Elme qui sont des effluves apparaissant au sommet des mats des navires lors des orages.
Et les champs magéntiques ?
Notre corps est encore moins sensible aux champs magnétiques. Leur action se résume à l’apparition de micro-courants dans nos tissus (par effet d’induction, puisque les tissus vivants sont conducteurs), mais pour les valeurs courantes d’exposition, ces courants restent inférieurs à ceux de l’influx nerveux. Par exemple, soumis à un champ magnétique de 0,15 µT (microtesla) qui correspond à une valeur moyenne fréquente dans une habitation, l’intensité des courants induits est environ 5 000 fois inférieure à celle des courants naturels (dits « endogènes ») de notre organisme.
Seule une exposition à des champs intenses, de l’ordre de 10 000 µT, peut provoquer la perception immédiate d’effets. Le premier symptôme manifeste est l’apparition phénomènes lumineux dans le champ de vision, que l’on appelle les magnéto-phosphènes. Ils sont liés à la formation de micro-courants induits au niveau de la rétine, que notre cerveau confond avec l’influx nerveux correspondant à la vision. Ils sont perçus comme des effets stromboscopiques, à la même fréquence que le champ qui les a induits (50 Hz par exemple). Indolore et sans effet sur l’œil, ce phénomène disparait dès que l’exposition au champ magnétique cesse.
Et les animaux ?
On n’a pas d’éléments qui laissent à penser que les animaux soient plus sensibles que nous aux champs magnétiques alternatifs. Par contre on dispose d’éléments d’observation selon lesquels de nombreuses espèces animales seraient sensibles au champ magnétique terrestre et l’utiliseraient notamment pour leurs migrations. Néanmoins, on n’a pas encore clairement identifié l’organe ou le mécanisme biologique qui serait la source de cette sensibilité magnétique.
En matière de champ électrique, c’est plus simple : on a vu que les hommes pouvaient le percevoir par des vibrations des poils donc on comprend bien que certains animaux y soient sensibles. C’est en particulier vrai pour les animaux dont certains poils sont directement utilisés comme organes sensoriels : la moustache !
Il est également connu que certains poissons ont en sixième sens qui leur permet de détecter les variations faibles du champ électrique, variations qui leur permettent de repérer des proies ou des prédateurs. Les élasmobranches (raies et requins) sont dotés de ce sens et l’organe de ce sixième électrique est présent dans leur peau et parfaitement identifié : on lui a donné le nom de « ampoules de Lorenzini ».